Comme en témoigne cette interview d’Umberto Morelli (en italien) réalisée en 2007, les sujets de discorde sont au moins aussi importants que les sujets qui rassemblent l’UE et les États-Unis. Ceux-ci étaient en 2005, et demeurent encore aujourd’hui, deux puissances économiques majeures. Mais quelles relations entretiennent ces deux puissances ? Nous allons dans cet article nous focaliser sur trois domaines majeurs utiles qui nous permettrons de mieux comprendre ces relations complexes, à savoir les relations économiques, les questions environnementales et la politique étrangère.
Des relations économiques complexes, entre interdépendance et défense des intérêts commerciaux
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, les tensions économiques avec les États-Unis ne datent pas de l’élection de Donald Trump en 2017, même s’il les a mises en avant de manière plus évidente et plus forte que par le passé. Le document L’Union européenne et les États-Unis, Des partenaires mondiaux, des responsabilités mondiales rédigé en 2005 par la Commission européenne montre que les États-Unis et l’Union européenne coopèrent bien dans certains domaines économiques. C’est le cas pour ce qui est des douanes, de l’échange d’informations dans la mesure du possible. Bien sûr, les investissements directs à l’étranger étaient et demeurent de part et d’autre très élevés depuis 2005. Et l’Union et les États-Unis sont des partenaires commerciaux. Il suffit par exemple de voir l’implantation très importante des entreprises états-uniennes en Europe, et inversement.
En 2005, c’est Georges W. Bush qui était au pouvoir à la Maison blanche. Les divisions entre l’Union et les États-Unis ne venaient pas principalement des questions économiques (même s’il pouvait y avoir des tensions), mais de la politique étrangère. En 2005, lors de sa tournée européenne, le président soulignait cependant l’intérêt pour les États-Unis d’avoir un partenaire stable, et appelait à dépasser les divisions. L’ère de Barack Obama, initiée par son élection en 2008 va surtout être la période où les États-Unis vont accorder une importance accrue au continent asiatique, et moins à l’Europe. Bien sûr, il y a toujours des relations économiques très fortes et cela ne veut pas dire que l’Europe n’est pas un partenaire de premier plan. Barack Obama n’a pas hésité à défendre les intérêts américains lors de la négociation du TTIP, tout en souhaitant la concrétisation de cet accord avec l’Union européenne qui n’a finalement jamais vu le jour.
Donald Trump, depuis plusieurs années maintenant, mène une politique agressive vis-à-vis de la Chine et de l’Union européenne, de manière beaucoup plus frontale et brutale que ses prédécesseurs. Il a ainsi menacé à de multiples reprises l’Union européenne de taxations supplémentaires si elle mettait en œuvre son projet de taxation des géants du numérique, encore en discussion. Donald Trump estime en effet que le commerce transatlantique est trop favorable à l’Union européenne. Effectivement, l’Union européenne exporte massivement vers les États-Unis, et il s’agit d’un espace où la balance commerciale de l’Union est régulièrement excédentaire.
Politique étrangère : entre désaccords et des accords
Du côté de la politique étrangère, les relations sont là aussi complexes. On se souviendra notamment du désaccord entre les États-Unis et une partie de l’Europe à propos de la guerre en Irak. Ce désaccord laissera des traces. En 2005, le président états-unien Georges W. Bush mentionnait ce désaccord, même s’il appelait à le dépasser. D’autant qu’il y a aussi une différence de conception sur certaines questions, par exemple sur le recours à la torture ou la peine de mort, les Européens étant défavorables à leur utilisation.
Les États-Unis ont d’ailleurs regretté la désunion des Européens sur les questions de politique internationale sous toutes les présidences, par exemple sur l’Irak, la Libye, ou encore la Syrie. C’est Barack Obama qui a entériné l’intérêt plus prononcé des États-Unis pour le continent asiatique. L’administration Obama a travaillé avec les Européens sur l’accord de Vienne sur le nucléaire iranien, même si Donald Trump n’a cessé, dès sa campagne en 2016 et tout le long de son mandat, de dénoncer cet accord, n’hésitant pas à menacer les entreprises européennes de sanctions si elles exerçaient des activités avec l’Iran.
Pour ce qui est du soutien états-unien à la construction européenne, Georges W. Bush et Barack Obama l’ont soutenu, afin de garantir la stabilité sur le continent européen. Donald Trump considère quant à lui l’Union européenne comme une ennemie sur le plan commercial et a indiqué lors de la campagne électorale de 2016 que le Royaume Uni serait mieux dehors que dedans. Mais l’Europe et les États-Unis ont depuis 2003 toujours travaillé ensemble dans la lutte contre le terrorisme à l’international, dans l’OTAN pour les pays membres et dans des missions de sécurité.
Questions environnementales : une approche opposée
C’est probablement sur les questions environnementales que les débats ont été les plus houleux. L’administration Bush est sorti du protocole de Kyoto en 2001. Au niveau international, Georges W. Bush n’a pas montré une volonté de mettre l’accent sur ces problématiques, même s’il est le premier dirigeant américain à avoir reconnu le rôle nocif des émissions excessives de gaz à effet de serre sur l’environnement et a mis en place quelques mesures timides au niveau fédéral. Cependant, la société civile et certains états ont contribué à une réflexion et à des actions sur le sujet, que ce soient des entreprises, des ONG ou la communauté scientifique des deux côtés de l’Atlantique. L’administration Obama a été un peu plus volontaire sur le sujet et a signé les accords de Paris en 2015, malgré d’âpres négociations au Congrès. Ici encore, Trump n’a cessé de dénoncer cet accord et s’en est retiré officiellement en 2019. Il s’agit d’un des sujets de discorde entre l’Europe et les États-Unis. Ursula von der Leyen et Donald Trump partent dans deux directions opposées : là ou l’Union européenne va mettre en place un Green Deal, Donald Trump assume lui d’être climato-sceptique, accusant la Chine de profiter de ce phénomène pour faire valoir ses intérêts, contre les États-Unis.
Les États-Unis et l’Union européenne ont par conséquent des relations compliquées sur les questions économiques, environnementales et de politique étrangère. En effet, de nombreux désaccords existent et persistent sur ces questions. Les positions ont divergé sur de nombreux dossiers. Malgré cela, la détermination des deux côtés de l’Atlantique à combattre de manière conjointe le terrorisme a été une constante, et l’Union européenne et les États-Unis se sont soutenus, par exemple sur le dossier ukrainien. De plus, une relation internationale ne concerne pas que les États et les politiques mais aussi la société civile qui a travaillé de concert sur de nombreux sujets, l’environnement et la recherche scientifique par exemple. Les élections américaines de novembre prochain viendront-elles changer la donne ou celles-ci vont-elles confirmer cette relation particulière ? L’avenir nous le dira !
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