Une flamme qui n’est toujours pas éteinte

Charbon : Une transition énergétique temporisée

Un article de la série « énergies en Europe : un état des lieux »

, par Lucas Nitzsche

Charbon : Une transition énergétique temporisée
Image : Pixabay

Article s’inscrivant dans la série sur les énergies en Europe. Alors que les partis écologistes n’ont jamais autant bénéficié de soutien au sein de la population, preuve étant les résultats inattendus aux élections européennes de 2019, la question de l’énergie est au centre de toutes les préoccupations des acteurs de la politique européenne. Le Taurillon se penche aujourd’hui sur le charbon qui, malgré son lourd bilan carbone, reste une source d’énergie très appréciée par de nombreux États membres de l’Union européenne.

L’Europe, continent vert

Bien que l’année 2020 ait été marquée par le début d’une crise sanitaire et économique, elle aura également été le symbole d’une avancée écologique renforçant la désignation de l’Europe comme étant le “continent vert”. Pour la première fois, les États membres de l’Union européenne ont produit plus d’électricité à partir d’énergies renouvelables (38% de la production totale d’énergie) que d’énergies fossiles (37% de la production totale d’énergie).

Le charbon, qui constitue l’une des sources d’énergies fossiles les plus polluantes, ne représentait plus que 13% de la production d’électricité du Vieux Continent en 2020. Dans son analyse annuelle de la consommation d’énergie en Europe, le groupe de réflexion Agora-Energiewende observe depuis 2015 une baisse de la consommation de charbon de 48% : alors qu’il y a cinq ans, 705 TéraWattheures (TWh) étaient produits à partir de charbon, ce chiffre a chuté à 365 TWh en 2020. Le groupe de réflexion précise toutefois que pour atteindre l’objectif d’une réduction de 55% des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030, il faudrait que la part du charbon dans la production d’électricité atteigne quasiment 0%.

Des bons et des mauvais élèves ?

L’utilisation du charbon constitue sans doute l’un des sujets de discorde les plus fréquents entre la France et l’Allemagne, et ce notamment en comparaison à la production d’électricité à partir de l’énergie nucléaire. La République fédérale est le plus grand producteur de charbon en Europe, mais peut se vanter d’un beau progrès cette année, avec une baisse de la production de charbon de 22% sur les douze mois écoulés. Cette diminution est par ailleurs plus rapide que la moyenne européenne, qui marque une baisse de 20% par rapport à 2019. Elle est d’autant plus impressionnante que l’Allemagne est l’un des États les plus dépendants du charbon, plaçant ainsi la Pologne durant quelques mois à la place du plus grand producteur européen de charbon.

Des bons et des mauvais élèves ?

L’utilisation du charbon constitue sans doute l’un des sujets de discorde les plus fréquents entre la France et l’Allemagne, et ce notamment en comparaison à la production d’électricité à partir de l’énergie nucléaire. La République fédérale est le plus grand producteur de charbon en Europe, mais peut se vanter d’un beau progrès cette année, avec une baisse de la production de charbon de 22% sur les douze mois écoulés. Cette diminution est par ailleurs plus rapide que la moyenne européenne, qui marque une baisse de 20% par rapport à 2019. Elle est d’autant plus impressionnante que l’Allemagne est l’un des États les plus dépendants du charbon, et ces évolutions ont placé ainsi la Pologne durant quelques mois comme le plus grand producteur européen de charbon.

Ce progrès reste toutefois insuffisant, puisque l’Allemagne produit toujours 134 TWh à partir de charbon, soit environ 10 fois plus que l’Italie ou même 20 fois plus que l’Espagne : avec la Pologne et la République tchèque, nos voisins outre-Rhin font partie des États les plus consommateurs de cette énergie. Bien que le gouvernement d’Angela Merkel puisse se féliciter de la bonne dynamique enclenchée, la Pologne et la République, accusant respectivement une baisse de 8% et 15% de l’utilisation de charbon, vont devoir augmenter leurs efforts pour atteindre d’ici 2030 les objectifs fixés par la Commission européenne.

La baisse globale de la production de charbon est certes une bonne nouvelle, mais elle n’est remplacée qu’à moitié par des énergies renouvelables, l’autre moitié étant formée par l’exploitation du gaz naturel. En 2020 par exemple, la production de charbon a baissé de 90 TWh tandis que l’utilisation d’énergie solaire ou hydraulique n’a augmenté que de 51 TWh, provoquant un déficit énergétique d’au moins 39 TWh.

Une transition énergétique au ralenti ?

Si la sortie du charbon semble aussi compliquée, ce n’est pourtant pas seulement en raison du poids économique de cette source d’énergie, mais également en raison des enjeux sociaux. Les mines et centrales à charbon sont en effet créatrices de nombreux emplois, en particulier dans certaines zones géographiques où le chômage est élevé. En Allemagne par exemple, les fermetures de certaines mines de charbon dans la région de la Ruhr ont provoqué la colère de nombreux travailleurs, qui n’avaient pas toujours la possibilité de se reconvertir. Bien que la Commission ait mis en place d’importants fonds de transition énergétique, prévoyant notamment 26 milliards d’euros d’aides pour moderniser le marché du carbone sur 10 ans, les critiques concernant l’efficacité de l’usage de de ces fonds ont été nombreuses.

Le “Green New Deal” porté par Ursula von der Leyen se voulait être une réponse à cette transition énergétique à accélérer, notamment en “supprimant progressivement le financement par les institutions multilatérales des infrastructures liées aux combustibles fossiles, renforçant le financement durable, supprimant progressivement toute nouvelle construction de centrales au charbon et prenant des mesures pour réduire les émissions de méthane.” En clair, l’objectif est de conditionner les subventions à une transition énergétique, apportant ainsi une aide supplémentaire aux États les plus consommateurs de charbon et nécessitant un soutien financier, en première place desquels on retrouve la Pologne et la République tchèque.

La crise sanitaire et économique due à la pandémie de Covid-19 a cependant remis en cause la capacité des États membres à atteindre ces objectifs, et certains moyens ont été revus à la baisse. Lors du Conseil européen des 17 et 21 juillet 2020 par exemple, le “mécanisme pour une transition juste”, destiné à accompagner les entreprises dans leur transition, n’a été augmenté que de 10 milliards d’euros au lieu des 40 milliards proposés par la Commission. Bien que de nombreux députés, en particulier du parti Verts / ALE, plaident pour un renforcement du Green New Deal dans l’optique de reconstruire une économie plus durable à l’issue de la crise, la réduction d’ici 2030 à 0% de la part du charbon dans la production d’électricité en Europe semble loin d’être atteinte.

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