Enquête de rue : Que pensent les passants de la politique de l’Union européenne face aux migrants ?

, par Maria Popczyk

Enquête de rue : Que pensent les passants de la politique de l'Union européenne face aux migrants ?

Place Stanislas, à Nancy, un dimanche après-midi d’octobre. Les Jeunes Européens pose deux questions à chaque personne interrogée : en tendant la photo de Jean-Claude Juncker, « Connaissez-vous cet homme ? » suivie de « Que pensez-vous de la politique de répartition des migrants prônée par le président de la Commission européenne ? ». Les réponses, très hétérogènes, laissent entrevoir les tendances qui se dessinent parmi les Européens : des indifférents au débat jusqu’aux plus critiques.

« I’m not that affected » Pour la plupart, les passants ne reconnaissaient pas Jean-Claude Juncker : « Jamais entendu parler de lui ». Le président de la Commission européenne a encore du travail pour ce faire connaître de ses concitoyens. Pire encore, certains ne se sentaient pas concernés par la question de la crise des migrants en Europe : « Je n’ai pas d’avis là-dessus », « I’m not that affected ». Il serait peut-être utile de préciser que selon les chiffres de Frontex, l’agence européenne chargée des frontières extérieures de l’espace Schengen, cette crise est belle et bien historique, puisque plus de 500 000 hommes, femmes et enfants ont été dénombrés aux frontières de l’Union européenne au cours des huit premiers mois de l’année, contre 280 000 sur l’ensemble de l’année 2014.

Oui à l’accueil, non aux quotas !

Les citoyens européens favorables à la répartition des réfugiés dans les Etats de l’Union européenne étaient d’accord sur le principe d’accueil, mais pas sur l’idée de fixer des quotas. Diverses idées ont été apportées. Régler les problèmes à la source : « je ne suis pas très optimiste sur ce plan de quotas. Il faut régler les problèmes dans le pays d’origine des migrants ». Supprimer les frontières pour laisser aller les immigrés où ils le souhaitent : « c’est innommable de les arrêter aux frontières alors qu’ils fuient la misère ». Une passante a simplement dit : « Donnez-leurs des papiers et du travail ». Accueillir oui, mais on n’est pas d’accord avec les solutions proposées pour y parvenir.

Une hospitalité nuancée Parmi la grande diversité culturelle et sociale des personnes interrogées, les jeunes avaient une vision assez positive de la politique européenne face aux immigrés, alors que certains adultes plus âgés surprenaient par des propos comme : « La France est à sec, il faut d’abord régler le problème du chômage » ou bien « il ne faut pas quitter son pays si on veut le reconstruire ». Des propos plus radicaux se sont également faits entendre : « Je demande que des personnes autoritaires prennent le pouvoir ! ». Tous consentent à la souffrance de ces déplacés, mais certains préfèrent rester étranger au problème de leur accueil.

Réflexions eurosceptiques De surcroît, certains citoyens européens étaient loin d’être satisfaits de l’action de l’Union en général, et ils ont profité de l’occasion pour s’exprimer. Cela passait soit par une critique à l’encontre du président de la Commission européenne, soit par des revendications souverainistes, ou encore par des propositions de réformes politiques « car cela nous coûte trop cher ».

Les opinions des passants nancéiens reflètent bien la difficulté de trouver un accord au niveau supranational : la solidarité se voit trop souvent délaissée en faveur d’intérêts particuliers. Comment peut-on être favorable à l’accueil des migrants si on s’oppose aux solutions proposées sans en trouver une nouvelle en échange ? Comment est-il possible de s’estimer empathique alors même que l’on préfère ne pas participer à l’aide aux réfugiés ? Enfin, de quelle manière l’Union européenne peut-elle faire progresser la résolution de la crise des migrants face à un euroscepticisme croissant ?

Voilà des questions à méditer en regardant le désespoir des débarqués qui se voient arrêtés aux frontières, et en se souvenant du contexte dont est issue l’Union que l’on connaît : « La contribution qu’une Europe organisée et vivante peut apporter à la civilisation est indispensable au maintien des relations pacifiques », disait Robert Schuman, le 9 mai 1950.

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