Les réseaux sociaux : nouvelles arènes de la démocratie européenne

, par Chrystel Andriantsilavo, Le Courrier d’Europe

Les réseaux sociaux : nouvelles arènes de la démocratie européenne

Les élections européennes de 2024 représentent une étape importante dans l’évolution des campagnes politiques, où les réseaux sociaux occupent une place centrale pour mobiliser les électeurs, diffuser les programmes, et influencer le débat public. Depuis plusieurs années, des plateformes comme Facebook, Twitter, Instagram et TikTok se sont imposées comme des outils essentiels pour les partis politiques et les candidats. En 2024, cette dynamique s’est intensifiée, transformant les réseaux sociaux en arènes cruciales pour la démocratie européenne.

Mobilisation des électeurs et propagande électorale

Les réseaux sociaux jouent un rôle majeur dans la mobilisation des électeurs, notamment des jeunes. Un rapport du Service de recherche du Parlement européen révèle que le taux de participation aux élections de 2019 a atteint 50,6 %, en grande partie grâce à l’engagement des jeunes électeurs. Grâce à ces plateformes, les candidats peuvent atteindre directement et de manière interactive un vaste public. Les campagnes numériques ciblées permettent de toucher des segments spécifiques de l’électorat selon des critères démographiques, géographiques et comportementaux. Les stories Instagram, les vidéos TikTok et les posts Facebook sont alors devenus des moyens efficaces pour engager les électeurs et les inciter à voter.

Les réseaux sociaux représentent également un outil important pour la diffusion des programmes politiques. Les plateformes offrent aux candidats la possibilité de présenter leurs propositions de manière détaillée et interactive, grâce à des vidéos explicatives, des infographies et des sessions de questions réponses en direct. Ce mode de communication directe permet aux électeurs de mieux appréhender les positions des candidats sur des enjeux clés comme le changement climatique, l’économie, la santé et les droits sociaux. De plus, les débats en ligne et les discussions sur les réseaux sociaux offrent une tribune pour la confrontation des idées. Les lives Instagram, les sessions Twitter Spaces, et les Facebook Live permettent notamment aux candidats de répondre aux questions des citoyens en temps réel. Cette transparence et cette accessibilité semblent contribuer à une meilleure information des électeurs et à un débat public plus riche.

Bruxelles face à la polarisation et à la désinformation

Cependant, l’influence des réseaux sociaux sur les élections européennes de 2024 n’est pas sans controverse. La polarisation du débat public et la propagation de la désinformation constituent en effet des défis majeurs. Les algorithmes des plateformes sociales tendent à privilégier le contenu qui suscite de fortes réactions émotionnelles, ce qui peut exacerber les divisions et radicaliser les opinions. Par ailleurs, les fake news et les campagnes de désinformation ont proliféré, souvent orchestrées par des acteurs internes et externes visant à influencer les résultats électoraux.

Selon la loi sur les services numériques (DSA), proposée par la Commission européenne en 2020, les plateformes en ligne comptant plus de 45 millions d’utilisateurs mensuels en moyenne, comme Facebook et TikTok, doivent maintenant adopter des mesures pour lutter contre la désinformation et la manipulation électorale. Les réseaux sociaux tentent par conséquent de répondre à ces défis en mettant en place des politiques de vérification des faits, ainsi que des initiatives d’éducation aux médias pour sensibiliser les utilisateurs aux dangers de la désinformation.

Face aux risques d’ingérence et aux campagnes de désinformation, davantage de règles relatives aux plateformes de l’UE ont été mises en place depuis les élections de 2019. En l’occurrence, le réseau social TikTok, avec sa large base de jeunes utilisateurs, se voit soumis à de récentes réglementations, afin de contrôler l’influence qu’il pourrait exercer sur les élections. La Commission européenne et le Parlement ont notamment demandé au personnel de bannir l’application TikTok des téléphones professionnels pour des raisons de cybersécurité. Il est également « fortement recommandé » aux eurodéputés et à leurs assistants de supprimer TikTok de leurs appareils personnels. Néanmoins, certains groupes politiques, comme le groupe social-démocrate S&D et la Gauche (GUE/NGL), continuent d’utiliser l’application pour leurs campagnes.

La vice-présidente de la Commission européenne, Margrethe Vestager, a souligné que de nombreux débats électoraux se dérouleront toutefois en ligne, tandis que la DSA fournit des outils pour collaborer avec les plateformes en ligne. Elle a affirmé : « Nous sommes en mesure de faire face aux nouveaux risques en ligne qui menacent les processus électoraux, tels que les deepfakes. Nous pouvons ainsi permettre aux citoyens de s’engager, de discuter et de prendre des décisions en toute sécurité, sans subir d’ingérence illégale  ». Pour autant, l’efficacité de ces mesures reste sujette à débat, et la lutte contre la désinformation demeure une priorité pour garantir l’intégrité du processus démocratique.

En somme, les réseaux sociaux se révèlent être un acteur déterminant dans les élections européennes de 2024, en facilitant la mobilisation des électeurs et la diffusion des programmes politiques, tout en posant des défis significatifs en termes de polarisation et de désinformation. Alors que les technologies de communication continuent d’évoluer, il demeure crucial que les institutions démocratiques et les plateformes sociales collaborent pour assurer un débat public sain et informé, essentiel à la vitalité de la démocratie européenne.

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