De la vision de l’Europe du nouveau gouvernement Merkel III

, par Fabio Schlee, Maksim Roskin, traduit par Inga Wachsmann

Toutes les versions de cet article : [Deutsch] [English] [français]

De la vision de l'Europe du nouveau gouvernement Merkel III

Le traité de coalition approuvé désormais par les deux parties- chrétien- et socio-démocrates – fixe l’orientation du nouveau gouvernement pour les quatre ans de mandat à venir. Quelle dose d’Europe contient-il ? Est-il réaliste ? Une analyse de Maksim Roskin et Fabio Schlee.

Le 27 novembre 2013, CDU, CSU (Christlich Demokratische Union – Union chrétien-démocrate, Christlich-Soziale Union – Union socio-chrétienne) et SPD (Sozialdemokratische Partei Deutschlands – Parti socio-démocrate d’Allemagne) ont conclu leur traité de coalition « Renouveler l’avenir de l’Allemagne ». Ce document d’intentions pour le mandat de la 18ème période électorale cite l’Union européenne à 151 reprises. Un chiffre qui n’en dit rien sur le contenu. Les médias libéraux par exemple voient le rôle de l’Allemagne comme moteur de l’UE à l’avenir en danger. D’autres s’inquiètent du manque de pensée stratégique des Allemands dans le monde ou regrettent l’absence de méthode et de vision par rapport à l’Europe. Jeux d’opposition extraparlementaires ou cruelle réalité ?

Économie

Par rapport à la situation économique des pays du sud de la zone euro, le nouveau gouvernement fédéral semble poursuivre la politique du gouvernement sortant. Les quelques passages sur une perspective de dépenses publiques et de possibles investissements restent vagues comparé aux parties sur la consolidation budgétaire et l’austérité. Refus encore plus claire à celles et ceux qui avaient imaginé ou même attendu la responsabilité commune et supranationale comme moyen de sortie de crise.

La poursuite d’une « politique de consolidation budgétaire » ne s’oppose pas directement aux « investissements d’avenir pour la croissance ». Et pourtant, le gouvernement devra de nouveau faire face au problème de cette dialectique pour réaliser ces programmes. En plus, il faudra les défendre au niveau national et à l’étranger.

Les parties contractuelles souhaitent s’engager pour une coordination des politiques économique et budgétaire meilleure et obligatoire. Silence radio sur la question de savoir si cet objectif dépassera les mécanismes déjà existants dans le cadre d’Europe 2020 comme par exemple le semestre européen. Ce dernier permet à la Commission européenne d’analyser en détail les programmes de réformes économique et structurelle des États membres et de présenter des recommandations pour les 12 à 18 mois à venir. Aucune suite obligatoire dans ce mécanisme. À défaut d’un langage plus explicite, les partis de la nouvelle coalition ne semblent pas vouloir y toucher. Le flou règne également sur la veille de la Commission européenne sur la planification budgétaire nationale introduit par le « two pack ». Ce mécanisme a pour objectif de pouvoir réagir plus rapidement en cas de non-respect flagrant des règles européennes. La coalition souhaite en faire un instrument efficace sans concrétiser le comment.

Une simple et seule phrase du traité contient certainement les implications les plus importantes en politique européenne. La phrase énonce combien les contractants sont décidés à réformer les fondements juridiques de l’Union économique et monétaire. S’il faut rester neutre face à une possible réforme des traités, on peut supposer que seules les réformes donnant plus de compétences à l’UE satisferont l’esprit de la coalition.

Affaires étrangères et politique de sécurité

Le traité de coalition réclame la montée en puissance de la fonction du Haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité. Les partis se mettent également d’accord sur un service européen pour l’action extérieure réduit qui remplirait des fonctions plutôt fonctionnelles et non pas représentatives. Dans un contexte de renforcement des services nationaux, une telle lecture est bien compréhensible bien que incompatible avec l’objectif précité sur le renforcement du rôle du Haut représentant. Concernant la politique d’élargissement le traité est optimiste par rapport à de futures adhésions des pays du Balkan occidental. En ce qui concerne la Turquie, la chance des mots clairs n’a pas été saisie au profit d’une formulation sobre.

La coalition demande une politique européenne plus cohérente envers la Russie. Objectif problématique vue la divergence du degré de dépendance des États membres particulièrement en ce qui concerne le commerce en énergies et matières premières.

Moins conservatrice est la promesse d’introduire après le sommet européen de « nouvelles initiatives politiques pour renforcer la PESC (Politique extérieure et de sécurité commune) ». Le traité laisse le lecteur sur sa faim pour plus de détails à ce sujet.

L’Allemagne dans l’UE – auto-perception

Les points précités montrent le manque de vision européenne du nouveau gouvernement. On mise sur le statut quo, on évite des éléments explicites et proactifs. La preuve est le chapitre sur la politique économique européenne, rédigé dans un langage claire pour un contenu vague. La chancelière et son ministre des Finances continueront à naviguer à vue. Une continuité de la politique des sommets et d’actions en dehors des traités et institutions communautaires ne peuvent être exclues. Le message est clair : « La gestion de crise européenne doit continuer comme avant ». Les formulations visent la continuité et la cohérence. Les partenaires loupent l’occasion de messages clairs sur la PESC ou la protection de données.

Apparemment les parties n’ont pas de grands objectifs pour l’UE pour le moment. Au moins pas d’objectifs clairs. Le résultat est celui du plus petit dénominateur commun. Concernant la gestion de crise et la politique économique, le SPD, s’il le veuille ou non, n’a pu fixer que très peu des corrections exprimées auparavant. Le grand perdant : l’Europe.

Cet article est réalisé dans le cadre de la préparation aux élections européennes.

Chaque semaine, découvrez un nouveau pays membre de l’Union européenne. Cette semaine, nous partons chez nos voisins allemands

Mots-clés
Vos commentaires
modération a priori

Attention, votre message n’apparaîtra qu’après avoir été relu et approuvé.

Qui êtes-vous ?

Pour afficher votre trombine avec votre message, enregistrez-la d’abord sur gravatar.com (gratuit et indolore) et n’oubliez pas d’indiquer votre adresse e-mail ici.

Ajoutez votre commentaire ici

Ce champ accepte les raccourcis SPIP {{gras}} {italique} -*liste [texte->url] <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Suivre les commentaires : RSS 2.0 | Atom