Urgence énergétique : L’enjeu aux multiples facettes

, par Ellyn Guignaud, Le Ch’Taurillon

Urgence énergétique : L'enjeu aux multiples facettes
Gazoduc / Crédits : Unsplash

L’énergie est au cœur de nos modes de vie. En quelques mois elle est devenue l’épicentre d’un conflit qui se mondialise : la guerre menée par la Russie contre l’Ukraine. Déjà tiraillée par les objectifs environnementaux, l’énergie est devenue un moyen de pression et de sanction pour et contre l’Europe.

C’est l’affaire des économistes, des écologistes, des politiques… c’est tellement l’affaire de tout le monde qu’on en oublie que c’est aussi la nôtre. Si l’Europe a pu paraître loin, très loin de ses citoyens, elle n’a jamais été autant entremêlée dans les affaires des États qui la composent et des citoyens qui la font vivre. L’Europe est depuis sa création profondément liée à l’énergie. Grande sœur de l’Union européenne, la Communauté européenne du charbon et de l’acier (Ceca) cimentait la coopération des six pays fondateurs sur leur interdépendance dans la consommation du charbon et de l’acier.

Alors que l’Union Européenne s’est construite sur l’idée d’une interdépendance bienfaisante, la voilà prise à son propre jeu, dépendante d’une Russie initiatrice de guerre.

La dépendance énergétique européenne en chiffres

L’agence Eurostat a créé l’indice de dépendance énergétique. Il permet d’évaluer le pourcentage de dépendance d’un pays à un autre pour continuer à répondre à ses besoins énergétiques. Le pays de l’Union européenne le plus dépendant est Malte, avec une dépendance énergétique de 97,56%. À la deuxième place, Chypre, dont la dépendance est évaluée à 93,11% et enfin le Luxembourg, qui dépend à 92,46% de ses importations d’énergie.

La France dépend à 44,5% de l’importation d’énergie. L’Allemagne dépasse la barre des 50% de dépendance pour assurer ses besoins énergétiques. Faisant partie des plus indépendants, seulement 10% de l’énergie consommée par l’Estonie est importée par le pays. Le pays le plus indépendant est la Suède qui voit son indice de dépendance négatif grâce à sa forte exportation.

Un destin inéluctable

Une indépendance complète de l’Union européenne n’est pas concevable aujourd’hui. La consommation de l’Union est telle que les ressources fossiles exploitables ne sont pas suffisantes pour répondre à ses besoins. De plus, l’Union s’est engagée à investir dans sa transition écologique qui nécessite une forte transformation de la production d’énergie. Prise en étau entre un besoin de se détacher de toute urgence de l’énergie fournie par la Russie, et la nécessité d’assurer sa transition écologique, essentielle en réponse au dérèglement climatique et à l’épuisement des ressources fossiles.

L’Europe a donc tout intérêt à revoir ses dépendances et surtout à les faire éclater. Multipliant les partenaires commerciaux, l’Union européenne ne sera plus à la coupe d’un seul pays. L’important est de pouvoir être indépendant dans nos décisions de sanctions et de partenariat. L’augmentation de GNL (Gaz naturel liquéfié) livré par les États-Unis permet actuellement de poursuivre les sanctions contre la Russie sans impacter trop négativement la consommation européenne. Cependant, il est essentiel de prendre garde à ne pas remplacer une dépendance par une autre.

Les solutions mises en place

Cette dépendance signifie que la Russie mais aussi les États-Unis ont un moyen de pression sur l’Union européenne. L’objectif est de trouver « en urgence » des solutions pour leur retirer cet atout stratégique. Depuis 2016, l’Europe a mis en place le paquet sécurité énergétique. La Commission a mis en place un règlement qui contraint chaque pays à être solidaire en cas d’urgence d’approvisionnement d’énergie. Ainsi, l’objectif de l’Union européenne est de se détacher des dépendances hors UE et de renforcer l’entraide des États membres.

C’est notre affaire

Il est devenu habituel d’entendre parler de sobriété énergétique : elle nous concerne tous. L’enjeu est devenu double, à la fois pour notre dépendance énergétique dont découle notre dépendance stratégique, mais aussi pour l’impact écologique qu’entraîne notre consommation. On consomme l’électricité à tort et à travers, on augmente le chauffage plutôt que d’enfiler un pull et prendre la voiture est un réflexe. Notre prise d’indépendance face au gaz russe ne se fera pas qu’en termes d’accords ou de règlements européens. Il faut certes développer le mixte énergétique, mais les énergies renouvelables nous forceront quoi qu’il en soit à baisser notre consommation dans les mois et années qui suivent.

Cet article est également à retrouver dans le premier numéro du Ch’Taurillon, l’édition papier du Taurillon des Jeunes Européens - Lille Métropole. Publié en août 2022.

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